L'amour dans No et Moi

Plus qu'une sorte d'amour

• Le roman aborde trois formes principales d'amour :
  • L'amour familial : Les relations au sein des familles dysfonctionnelles (Lou, No et Lucas).
  • L'amour romantique : L'attirance affective et naissante entre Lou et Lucas.
  • L'amour pour autrui : Le principe de compassion et d'entraide, incarné par l'attitude de Lou envers No et les sans-abris.

Analyse : Delphine de Vigan montre que l'amour peut exister sous différentes formes, mais qu'il est souvent fragile et marqué par des défis.

L'amour maternel : un manque cruel

• Les trois personnages principaux souffrent d'un manque d'amour maternel :
  • Lou : Sa mère, Anouk, est dépressive depuis la mort de Thaïs et devient froide et distante : « Plus jamais elle ne me serre contre elle » [P55].
  • No : Rejetée par sa mère après avoir été conçue lors d'un viol, elle n'a jamais connu une vie familiale stable. La visite à sa mère à Ivry est un échec dévastateur : « son corps tremble » [P168].
  • Lucas : Son père est parti au Brésil et sa mère vit avec son copain à Neuilly. Il vit seul et sans encadrement parental.
• Résolution partielle :
  • La mère de Lou retrouve ses instincts maternels à la fin lorsqu'elle serre Lou dans ses bras.
  • Lucas semble se rapprocher de sa mère, qui décide de vendre l'appartement.
  • No, en revanche, n'obtient pas de réconciliation et sombre davantage dans le désespoir.

Analyse : L'absence d'amour maternel est une blessure commune qui unit Lou, No et Lucas. Elle explique leurs comportements et leurs luttes tout au long du roman.

L'amour paternel : un pilier pour Lou

• Bernard, le père de Lou, joue un rôle essentiel dans sa vie :
  • Il est bienveillant et encourage son développement intellectuel : il l'aide à trouver des réponses à ses questions dans des livres ou sur internet [P95].
  • Lou admire son père et le voit comme un héros discret, comparable à un détective à la télé : « il a une veste de cuir, une épouse malade dont il s'occupe très bien » [P95].
• Absence de figures paternelles :
  • No ne connaît pas son père.
  • Lucas est abandonné par le sien, parti au Brésil.

Analyse : Contrairement à l'amour maternel défaillant, l'amour paternel de Bernard offre à Lou une stabilité et un soutien moral essentiels à son équilibre.

L'amour dans le couple : Anouk et Bernard

• Malgré la dépression d'Anouk, Bernard reste un mari patient et dévoué :
  • Il défend Anouk quand Lou doute de son amour : « Elle t'aime de tout son cœur, elle ne sait plus très bien comment faire » [P221].
  • Progressivement, Anouk commence à aller mieux et leur couple semble se reconstruire : « Ils feuillettent les catalogues Ikea… parlent vacances » [P195].

Analyse : Le couple d'Anouk et Bernard montre qu'un amour solide peut résister à des épreuves difficiles grâce à la patience et au soutien mutuel.

L'amour naissant entre Lou et Lucas

• Dès le début du roman, il y a une attirance mutuelle entre Lou et Lucas :
  • Lucas sourit à Lou, et elle remarque : « Ses yeux sont immenses, je pourrais me noyer à l'intérieur » [P12].
• Leur relation se développe au fil du récit :
  • Lucas surnomme Lou « Pépite » et l'invite chez lui ou à la patinoire.
  • Lou imagine l'embrasser : « Quand on embrasse, dans quel sens faut-il tourner la langue ? » [P79].
  • À la fin, ils s'embrassent, marquant une note positive pour Lou [P250].

Analyse : Cet amour naissant est marqué par une innocence et un contraste avec les thèmes sombres du roman, offrant une lueur d'espoir.

Les opposés s'attirent : Lou et Lucas

• Des personnalités contrastées :
  • Lou est intellectuelle, réservée et jeune pour sa classe.
  • Lucas est sûr de lui, sociable et rebelle.
  • Lou résume leurs différences : « Il est le roi, l'insolent, le rebelle, je suis la première de la classe, docile et silencieuse » [P122].
• Des points communs :
  • Tous deux souffrent du rejet maternel.
  • Leur projet commun d'aider No les rapproche et renforce leur complicité.

Analyse : Leur relation prouve que des personnalités opposées peuvent se compléter, apportant à chacun ce qui lui manque.

L'amour idéalisé de No pour Loïc

• No raconte être amoureuse de Loïc, un garçon rencontré à l'internat, qui vit désormais en Irlande.
  • Elle espère le rejoindre et vivre avec lui dans une maison qu'il lui a décrite.
  • Toutefois, Lou apprend que Loïc est parti sans donner de nouvelles, ce qui suggère que No idéalise cette relation pour fuir sa réalité.

Analyse : L'amour imaginé par No met en lumière son besoin désespéré d'espoir et d'affection, même si cela repose sur des illusions.

Aimer son prochain : la compassion de Lou

• Lou incarne le principe d'amour universel en s'inquiétant pour les plus démunis :
  • Elle critique notre société qui envoie des fusées dans l'espace mais laisse des gens mourir dans la rue [P82].
  • Lou veut aider No, non seulement parce qu'elle est son amie, mais parce qu'elle pense que tout le monde devrait prendre soin des autres : « Si chacun décidait de s'occuper d'une personne, une seule, de l'aider » [P81].
• Elle défend également ceux qui sont maltraités :
  • Elle prend la défense de sa mère contre tante Sylvie.
  • Elle critique Monsieur Marin pour avoir humilié Axelle Vernoux [P127].

Analyse : Lou symbolise l'empathie et l'humanité, en contraste avec l'indifférence générale envers les plus vulnérables.

Le contraste entre No et Lou : Prostitution et innocence

• La prostitution de No souligne la dure réalité de sa vie et son isolement total.
• Cela contraste avec l'innocence de la romance naissante entre Lou et Lucas, mettant en évidence le fossé entre leurs deux mondes.

Analyse : En opposant ces deux formes de relations, Delphine de Vigan souligne la brutalité du monde des sans-abris et l'espoir fragile qui existe encore dans l'univers de Lou.