Anouk Bertignac
Une grave dépression
Dès le début du roman, Anouk souffre d'une grave dépression qui a transformé la vie familiale des Bertignac.
- Elle ne quitte plus l'appartement depuis plusieurs années [P14].
- Elle reste au lit, ne s'habille pas et ne partage pas les repas familiaux [P50].
- C'est son mari, Bernard, qui prend soin de Lou le soir, assumant à lui seul les responsabilités familiales : « Il faudra du temps pour qu'on retrouve l'ancienne maman » [P43].
→ La dépression d'Anouk est un facteur clé dans le récit, car elle contribue à la solitude ressentie par Lou et à son manque de confiance en elle.
La mort de Thaïs
La dépression d'Anouk trouve son origine dans un événement tragique :
- Sa deuxième fille, Thaïs, est morte subitement lorsqu'elle était bébé.
- Suite à ce drame, Anouk s'est retirée de la vie familiale, a arrêté de travailler et a été hospitalisée dans « un hôpital spécialisé pour les personnes en grave dépression » [P51].
- L'impact sur Lou a été immense :
- Lou est devenue « renfermée et solitaire » [P49].
- Ses parents ont dû la conduire chez une psychologue, Mme Cortanze, sur les conseils de son institutrice.
→ Analyse : La mort de Thaïs a laissé des séquelles profondes sur Anouk et Lou, instaurant une dynamique familiale marquée par le deuil et l'absence.
Distante et froide
La dépression d'Anouk a des conséquences sur sa relation avec Lou :
- Elle est froide et distante envers sa fille :
- Elle ne l'embrasse plus : « plus jamais elle ne me serre contre elle » [P55].
- Elle pose toujours les mêmes questions sans écouter les réponses.
- Cette absence d'affection détruit la confiance de Lou :
- Un exemple marquant est le soir où Lou s'habille pour une fête mais n'ose pas y aller parce qu'elle n'a pas reçu un simple compliment de sa mère :« Si elle avait dit tu es très jolie ou seulement tu es toute mignonne, je crois que j'aurais trouvé la force de sortir » [P35].
- Certains soirs, Lou ressent une telle tristesse qu'elle ne veut pas rentrer chez elle : « à cause du vide dans les yeux de ma mère » [P99].
→ Analyse : Anouk, incapable de montrer de l'affection, provoque chez Lou un sentiment d'abandon, renforçant son isolement.
Dans un monde parallèle
Anouk est décrite comme étant perdue dans son propre univers :
- Elle reste assise dans son fauteuil toute la journée, immobile : « Elle vit dans un monde parallèle » [P54].
- Son comportement est automatique :
- Quand Lou rentre de l'école, Anouk sort les biscuits ou pose les verres sans réelle intention.
- Lou perçoit sa mère comme égocentrique et insensible : « Elle…se fout pas mal de savoir si nous sommes vivants » [P54].
→ Analyse : Cette description accentue l'idée qu'Anouk est émotionnellement absente, emprisonnée dans son propre chagrin.
L'impact de No
L'arrivée de No chez les Bertignac agit comme un catalyseur pour Anouk :
- Le premier soir, Anouk se montre transformée :
- Elle s'habille convenablement et cuisine un repas pour toute la famille.
- Lou remarque : « Pour la première fois depuis longtemps il m'a semblé qu'elle était vraiment là » [P115].
- L'attention qu'Anouk porte à No l'aide à sortir de son isolement en se concentrant sur quelqu'un d'autre que sur elle-même.
→ Analyse : L'arrivée de No marque le début du renouveau d'Anouk, qui commence à se reconnecter avec le monde extérieur.
Anouk s'ouvre
Grâce à No, Anouk montre des signes d'amélioration dans son comportement :
- Elle pose à No des questions sincères sur sa vie et ses origines [P131].
- Lou remarque qu'il s'agit de vraies questions, contrairement aux questions mécaniques qu'Anouk lui pose habituellement : « Ce ne sont pas les mêmes questions qu'elle me pose à moi » [P55].
- Cependant, cette bonne entente entre No et sa mère rendent Lou jalouse : « j'avoue que ça me pique à l'intérieur » [P150].
→ Analyse : La présence de No permet à Anouk de communiquer plus naturellement, une évolution que Lou observe avec ambivalence.
L'état de santé d'Anouk s'améliore
Peu à peu, l'état d'Anouk commence à s'améliorer :
- Elle se rapproche de Bernard et ils font des projets ensemble [P177-178, P195].
- Elle commence à prendre soin d'elle-même et reprend contact avec son ancienne entreprise.
- Toutefois, elle reste incapable de consoler Lou lorsqu'elle en a besoin :
- Après que Lou avoue que No loge chez Lucas, Anouk reste froide : « Je voudrais qu'elle me prenne dans ses bras… qu'elle dise t'en fais pas » [P231].
→ Analyse : Malgré les progrès d'Anouk, elle reste émotionnellement déconnectée de sa fille, ce qui prolonge les blessures de Lou.
Aime-t-elle toujours sa fille ?
Le comportement distant d'Anouk pousse Lou à se poser des questions :
- Elle demande à Lucas : « Est-ce que tu crois qu'il y a des parents qui n'aiment pas leurs enfants ? » [P159].
- Lou exprime son doute à Bernard : « Depuis que Thaïs est morte maman m'aime plus » [P221].
- Bernard la rassure : « Elle t'aime de tout son cœur… Elle ne sait plus très bien comment faire pour le montrer ».
- À la fin du livre, lorsque Lou revient après sa fugue, Anouk la serre dans ses bras en pleurant, un geste qui semble confirmer son amour [P244].
→ Analyse : Anouk semble aimer sa fille mais a perdu la capacité de l'exprimer, une réalité poignante qui illustre les conséquences de son chagrin.
Un moment qui transforme sa vie
Le moment où Anouk accepte de rencontrer No est surprenant et décisif :
- Bernard est sidéré par sa décision [P109].
- Cet acte marque un tournant dans la vie d'Anouk et de toute la famille, car il permet l'arrivée de No dans leur foyer, déclenchant une série de changements.
→ Analyse : Ce moment clé permet à l'intrigue d'avancer tout en offrant à Anouk une seconde chance de se reconnecter au monde.
Agressivité passive
Lou ressent le comportement d'Anouk comme une forme de violence invisible :
- L'absence d'affection de sa mère la blesse profondément : « La violence est là aussi, dans ce geste impossible qui va d'elle vers moi, à jamais suspendu » [P231].
→ Analyse : La violence passive d'Anouk renforce le sentiment de solitude et de rejet vécu par Lou, ajoutant à la complexité de leur relation.